63/557
Date : 27-06-2022 08:59:42
De quel droit Ursula von der Leyen s'autorise à encourager l'adhésion de l'Ukraine à l'UE ?
Soutenir l’Ukraine face à l’agression russe est une chose.
Transformer la libre association des peuples européens en syndicat occidental dressé contre la Russie et ouvert aux quatre vents en est une autre.
La décision d'accepter l'Ukraine dans l'UE relève des États membres, qui devraient la soumettre au vote des citoyens, seuls susceptibles de décider s’ils veulent ou non qu’on agrandisse leur maison.
Ça ne s’arrange pas entre Ursula et moi… Voilà quelques semaines, je dénonçais les souffrances qu’elle m’inflige chaque fois qu’elle s’exprime publiquement en anglais, telle une secrétaire d’État nord-américaine ! Pour moi, parler au nom de l’Europe supposerait d’employer l’allemand, le français, ou une autre des grandes langues constitutives de notre histoire. Les nombreuses réactions de lecteurs m’ont prouvé que je n’étais pas le seul choqué par ce comportement.
Mais, au lieu de m’écouter, Ursula a recommencé en se rendant à Kiev pour annoncer à Volodymyr Zelensky son « intention de soutenir l’Ukraine dans le processus européen » – autrement dit sa candidature à l’Union. Une nouvelle fois, elle a employé l’anglo-américain avec des manières d’ambassadrice de l’Otan, quand Zelensky, lui, avait la décence de répondre en ukrainien.
Mais, surtout, je me demande de quel droit une représentante de l’administration bruxelloise s’autorise ainsi des propos déplacés qui encouragent l’adhésion d’un nouveau pays. Celle-ci relève des États membres, qui devraient la soumettre au vote des citoyens, seuls susceptibles de décider s’ils veulent ou non qu’on agrandisse leur maison.
Soutenir l’Ukraine face à l’agression russe est une chose. Transformer la libre association des peuples européens en syndicat occidental dressé contre la Russie et ouvert aux quatre vents en est une autre.
J’observe d’ailleurs que les dirigeants des principaux pays fondateurs de la Communauté européenne – France, Allemagne, Italie – ont été au départ les plus réservés sur ce chapitre, tels les héritiers d’une ancienne conception de l’Europe qui se voulait encore, après de Gaulle et Adenauer, formée d’États souverains ouverts au dialogue à l’Est comme à l’Ouest, malgré le contexte tendu de la guerre froide.
Seule l’adhésion précipitée des pays d’Europe centrale, après 1989, a changé la donne : ces États ouvertement atlantistes (et soutenus par Washington comme une « nouvelle Europe ») faisant basculer le centre de gravité de l’Union et nourrissant une relation toujours plus conflictuelle avec la Russie.
www.marianne.net/agora/humeurs/de-quel-droit-ursula-von-der-leyen-sautorise-a-encourager-ladhesion-de-lukraine-a-lue
|